Park Kun-woong : Massacre au pont de No Gun Ri
Manhwa-pavé (600 pages), adapté d'un roman de Chung Eun-yong, sur un épisode peu reluisant de l'intervention américaine pendant la guerre de Corée (1950).
Tout commence pourtant bien avec un premier chapitre bucolique: les deux enfants du narrateur jouent au bord du rivière.
On bascule progressivement dans le conflit (invasion du Sud par le Nord) en suivant la fuite de la population : toute la famille se replie d'abord à la campagne chez les grand-parents mais elle est vite rattrapée par l'avancée de l'armée communiste.
Le père, ex-policier, s'en va seul aux devants d'éventuelles représailles. Sa famille reste dans le cortège de réfugiés qui sera stoppé par l'armée américaine le long d'une voie de chemin de fer.
Après un premier bombardement aérien, ces survivants seront acculés dans 2 tunnels et mitraillés pendant 4 jours au prétexte des nord-coréens se soient infiltrés parmi eux .
Le père absent compulse les témoignages des quelques rescapés et n'épargne aucun détail. Répétition des rafales, acharnement incompréhensible (ce sont des civils, femmes, enfants, vieillards principalement), impuissance, la lecture du récit est éprouvante, étouffante. Le procédé de reprendre le nom des victimes renforce encore plus la perception de cette barbarie qui fera plusieurs centaines de victimes.
Servie par un dessin tout en nuances de gris, une BD forte, qui remue pour un bout de temps... mais un témoignage nécessaire.
Ultimes bafouilles...